dimanche 17 février 2013

Dormir pour prévenir la maladie d’Alzheimer



Une société qui empêche les gens de dormir n’est pas bonne : je dois ajouter qu’une société qui empêche les gens de rêver n’a pas d’avenir.

Le rêve survient le plus souvent au cours des phases de sommeil paradoxal (pendant celui-ci, un hyperréveil du cerveau accompagne un profond sommeil du corps). Le sommeil paradoxal, on le sait depuis peu, intervient dans l’acquisition des souvenirs et leur stockage dans la mémoire. Les rêves, comme l’avait pressenti Freud, offrent un aperçu sur le travail auquel se livre le cerveau –et plus particulièrement sa partie appelée (en raison de sa forme) hippocampe- afin de doter l’individu d’une mémoire grâce à laquelle celui-ci affiche sa présence au monde et son moi créateur.

Des expériences réalisées dans plusieurs domaines et à différents niveaux de compréhension viennent de confirmer ce rôle fondamental du sommeil chez l’animal et chez l’Homme. Une brève privation de sommeil (cinq heures) chez la souris induit chez elle un déficit, dans l’hippocampe, de la signalisation intracellulaire, laquelle est liée à la plasticité neuronale et à la mémoire.
Par ailleurs, chez l’homme, une mutation d’un gène appelé DC2 est responsable d’une privation quotidienne et chronique de sommeil pendant environ deux heures ; ce qui n’est pas négligeable et représente un déficit total de huit ans sur une durée de vie de quatre-vingt ans.

Les effets de cette mutation ont été reproduits chez la souris et chez la mouche. Il vient enfin d’être montré sur un modèle de souris atteinte d’Alzheimer que le sommeil empêche la formation, dans le cerveau, des plaques amyloïdes, symptomatiques de la maladie. Le déficit de sommeil pourrait donc être un facteur déclenchant de cette affection, dont la perte de la mémoire est l’un des tout premiers signes observés.

Ces quelques résultats spectaculaires apportent de l’eau au moulin des chercheurs, qu’inquiète la diminution du temps de sommeil observée aujourd’hui dans la population.

Le rôle du stress continu infligé à nos contemporains, qui touche notablement l’hippocampe, n’est sûrement pas étranger à cette insomnie ni à l’amnésie collective, qui ne profite qu’à ceux qui ont intérêt à ce que le peuple n’ait pas de mémoire.

Pour en savoir plus: nous écrivions déjà en 2011, "Dormir pour améliorer la mémoire".

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